jeudi 31 juillet 2008

Campagne des élections régionales au Venezuela


Etant donné les stupidités qui se disent ici ou là dans les médias occidentaux sur le Venezuela et le chavisme en particulier, il n'est pas inutile que certains blogueurs courageux prennent sur eux d'offrir un aperçu de la situation depuis l'intérieur du pays.
On ne reviendra certainement pas sur le bienfondé ou non du chavisme, mais on soulignera cependant quelques points qui méritent d'être relevés (on se fera insulter par certains, mais c'est pas grave):
- Hugo Chavez a incontestablement fait et continue de faire beaucoup pour le pays. Rien à dire là dessus, ceux qui parlent sans savoir d'une dictature vénézuélienne n'ont jamais visité les geôles de Pinochet ou de Staline... Pour rappel, la première chose que fait un régime totalitaire est de museler la presse et d'empêcher la liberté d'expression. Or au Venezuela, l'opposition détient tous les médias privés et hurle plus que n'importe où ailleurs son dégoût du président... Drôle de dictature!
- Le président vénézuélien a soi-disant entamé une dérive vers une politique type Cuba. Moui, c'est probablement vrai, ici le "tout à l'État" se développe à grande vitesse et des directives a priori positives, comme la Ley seca, – interdiction de vente d'alcool pendant les fêtes, officiellement destinée à diminuer les accidents de la route dus à l'ébriété –, le projet de censurer les médias et Internet afin de protéger la population des inepties qui s'y diffusent, ou celui d'interdire les strings pour les nanas sous prétexte qu'ils portent atteinte à la morale et à l'honneur de la femme, ou encore d'imposer une seule voiture par foyer par solidarité, commencent gentiment mais sûrement à empiéter sur le terrain des libertés individuelles. A surveiller de près, donc. 
- L'échec du référendum de décembre 2007 a été le signe clair donné au président qu'il avait atteint les limites de ce que le peuple vénézuélien était prêt à accepter en matière de réformes. Preuve en sont les milliers de grafitis disant "OUI au chavisme MAIS NON à la réforme", indiquant par là-même l'émergence d'une nouvelle branche d'un chavisme "modéré".
- Depuis son accession au pouvoir, Chavez a efficacement lutté contre la corruption, il suffit de voir le nombre d'obstacles qui se dressent maintenant sur la route des expatriés pour obtenir des papiers officiels, alors qu'il y a seulement quelques années il suffisait de payer pour obtenir à peu près n'importe quoi. Le revers de la médaille, en revanche, c'est que dans nombre de situations le système de corruption ne fonctionne plus mais que rien d'efficace ne l'a remplacé. En pratique, si on ne peut presque plus obtenir une cédula de complaisance (une vraie de vraie s'entend, avec enregistrement dans le système, etc.) il est tout aussi impossible de l'obtenir en allant pointer à l'Onidex. Le grand danger de la chose, c'est que comme le Venezuela occidentalise dangereusement ses méthodes de contrôle, par exemple en informatisant les registres notariaux afin de vérifier les possessions de chacun, il fait ainsi planer de tristes représailles sur ceux qui ont le malheur de n'être pas en règle... Et comme se mettre en règle reste l'une des choses les plus difficiles dans le pays, des jours sombres se préparent pour dans pas longtemps!
- Est-ce que les mesures de Chavez auront de réelles répercussions positives au Venezuela? Permettons-nous d'en douter! Pourquoi? Simplement parce que la force d'inertie du peuple est telle qu'il ne suffit pas de donner l'accès gratuit aux écoles pour que les enfants s'y précipitent... Il est tellement plus simple de ne rien faire! En conséquence, le mode de vie vénézuélien qui consiste à tout attendre d'un État providence, et que Chavez alimente à coup de subventions, risque bien d'engluer pour toujours les meilleures intentions du monde.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout aussi pessimiste que vous et ce pour une raison simple : ils ont tout pour continuer sur cette lancee. Il parait que cela s'appelle la maladie hollandaise!!